LOST in TRANSLATION (1)

Quelque chose s'est perdu dans la traduction.
Il est amusant de comparer le même produit et ses divers habillages graphiques, supposés plaire aux goûts du public autochtone. Commençons par le poster de RED, l'adaptation très très libre du comics de WARREN ELLIS et CULLY HAMMER.

# le poster original.


Avec un film qui s'appelle RED, on se doutait qu'ils allaient nous mettre du rouge partout, mais cette teinte orangée est une bonne surprise, elle réchauffe l'ensemble. On peut voir que Warner veut faire patte douce au public de Geek en gardant le visuel de la couverture originale qui était il faut le dire assez efficace. Ils lui ont juste donné un coté "design pro". Avec un casting top moumoute, il fallait réussir à mettre tout le monde sur l'affiche et faire comprendre que des vieux sexys vont nous refaire le décor façon puzzle. STILL ARMED, STILL DANGEROUS, STILL GOT IT. (toujours armé, toujours dangereux, toujours la niaque).

# le comics original












Si on regarde la pose de MARIE-LOUISE PARKER, on peut y voir une sérieuse référence à "ENTRAPMENT", un autre film où un vieux sexy se la donnait à fond en mettant les petits gamins à l'amende. La chromie de l'affiche aussi est assez similaire, ainsi que le ratio entre la tête du vieux et le corps de la jeune femme en bodysuit noir les bras croisés. On y retrouve aussi ce trait de lumière horizontal qui suggère un mouvement rapide. Dans ENTRAPMENT, c'était des lasers lors de la scène où CATHERINE pas encore JONES-DOUGLAS, se trotillait sous le regard lubrique de SEAN.














Bref, RED est une affiche réussie, fidèle au matériel originel (bien plus que le film) qui par d'habiles emprunts arrive à donner l'ambiance souhaitée pour faire chauffer les neurones d'un public avide de bons films d'action.


And now something completly different.

# le poster français.

voilà... voilà... voilà. Encore une fois, quelqu'un a eu la douloureuse tache de réinventer la roue - "refaire à partir de zéro une affiche avec pour seuls éléments les photos promotionnelles" - et cette fois-ci la roue est encore carrée. Bravo. c'est une réussite... de finesse et d'intelligence. Évidemment seul le logo est ROUGE. ha ha ha. Et il a plus de trous de balles qu'il n'aurait l'utilité. La typo bâton massive et lisible (les 3 lettres sur toute la hauteur) font place à une typo sérif pseudo moderne, que NEVILLE BRODY n'aurait pas détesté,  avec un petit effet de "je me suis frotté par terre" .

Les affiches françaises ont une sorte de code graphique de base (mais alors vraiment de base, hein).
Les polars et film d'action sont noires ou sombres. Les films comiques sont sur fond blanc. Apparemment le distributeur a dû se marrer comme une baleine pendant la projection et il a voulu nous faire passer RED pour un film de FRANCIS WEBER. Ok, je ne nie pas un indéniable coté COEN BROTHERS, mais j'y vois plus une parenté avec L'ARME FATALE qu'avec LE DINER DE CONS. L'humour n'est pas absent de l'affiche donc, puisque le titre RED devient le formidable acronyme de l'accroche "RETRAITÉS -EXTRÊMEMENT - DANGEREUX",  ce qui est assez drôle. Enfin, ça l'aurait été si en haut de l'affiche sous les noms des acteurs, on ne pouvait lire "UNE COMÉDIE EXPLOSIVE SUR LES DANGERS DE LA RETRAITE"... où comment fucké son film en une phrase. Tu niques ton accroche marrante et si t'as pas lu le comics de WARREN ELLIS, ty n'y mettras jamais les pieds, et tu passeras à coté d'un bon film.

Le choix des photos des acteurs est terrifiant, et crée plus de questions que je ne puis trouver de réponses logiques. Pourquoi BRUCE WILLIS sourie ? Où est l'atout SEXY du film MARY-LOUISE PARKER ? Pourquoi MORGAN FREEMAN n'a pas le droit de montrer son flingue ? Pourquoi MALKOWICH a un si petit flingue et pas ses explosifs ? Et pourquoi les photos sont en noir et blanc ? Pourquoi aucun effet "je me suis frotté par terre" sur les photos ? Pourquoi la composition est aussi casse-couilles à base de "toutes les têtes dans le même axe, et à la même taille" ?
Je pense que le graphiste a juste utilisé les 4 seules photos qui pouvaient tenir dans son format vertical.
Bref, c'est tout faux. Chaque étape de création a été scrupuleusement passé au mixer pour faire le milk shake le plus fade du monde. Et je sais que dans 50% des cas, le graphiste fait juste ce qu'on lui demande de faire. [extrait d'un brief envoyé par un responsable de la prod. >>"... t'as une heure pour nous faire 4 propositions pour RED, on veut que cela soit une comédie et si on peut faire une blague sur la retraite, ça va plaire au million de gars qui se sont fait chier à faire la grève... donc on n'y met que les vieux, la poule personne la connait..." que du bonheur ]


c'était quelque chose s'est perdu dans la traduction.
rendez-vous tous les mercredis (si j'ai le temps).
<  à suivre... >

DARWYN COOKE : best man of 2000 > 2010

Les bons artistes copient, les grands artistes volent” PABLO PICASSO.
Je vais donc voler ce texte à mon pote TROUBA.
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10 ans. Une décennie, une décade. Faire des listes m'amuse, et parfois tu y vois des choses qui étaient devant tes yeux tout ce temps mais qui au milieu du magma boueux qu'est devenu la production, tu n'avais pas remarqué avant. Que c'est-il passé ses 10 dernières années entre le BUG de l'an 2000 et WIKILEAKS ?

Concentrons-nous sur la BD : qui fut l'auteur  de BD qui représenta "à mes yeux" le top du top. Qui m'a ensorcelé au point de trépigner d'impatience à la moindre évocation d'un livre à la sortie imminente ? Qui ? Je sais qui a été pour moi l'auteur de BD, le plus important de la décennie 1990 >  1999, c'est simple : FRANK MILLER qui a terminé en beauté sous une pluie de flèches Perses une superbe carrière avec 300.  Alors... qui fut celui des 10 dernières années...  Allez, je ne vais pas vous faire le coup du suspens  et  " je vais chercher Maître Nadjar (huissier de "La Nouvelle Star") et puis prendre la pose devant les caméras, déplier mon papier aussi lentement que possible histoire de vérifier une dernière fois s'il n'était pas piégé Bagdad style". Nan, l'homme de la décennie pour moi : 
c'est DARWYN COOKE.
(applaudissements)


Il a commencé sa fulgurante carrière en 2000 avec BATMAN : EGO et cette année, il vient de sortir la seconde adaptation de RICHARD STARK's PARKER : THE OUTFIT. 10 ANS tout rond.

KISS THE COOKE
DARWYN est un Canadien, donc naturellement nourri au COMICS Yankee et à la BD Franco Belge. En 1985, sélectionné lors d'une recherche de talent chez DC, il publia sa première histoire courte dans New Talent Showcase #19, c'était déjà du POLAR. 


Et puis plus rien. Il n'a pas réussi à percer à l'époque et il est retourné à Toronto où il  est devenu Directeur Artistique dans une revue de fashion, un truc dans le genre VOGUE. 15 ans à organiser des prises de vues pour U2 et LINDA ENGELISTA en slip... ou sans. Duraille comme job, si, si . Mais on sait que même la plus belle des femme finira par lasser l'homme qui n'est pas amoureux... DARWYN a voulu poursuivre son amour de jeunesse ; le COMICS. Il s'est remis à dessiner le plus possible puis  a finalement quitté son poste de D.A. et a monté un petit studio d'animation. Il n'avait jamais perdu l'espoir de faire du COMICS. La seconde moitié des années '90 était assez prolifique en ONE SHOT assez originaux. On pouvait prendre BATMAN ou SUPERMAN et s'inventer une histoire délirante  avec, absolument en dehors de la continuité des autres BAT COMICS et se faire joliment remarquer. DARWYN envoya un projet de one shot à DC COMICS. Son dossier a mis 4 longues années à finir sur le bureau de MARK CHIARELLO (alors devenu Directeur Artistique chez DC). Mark se dit qu'il faudrait bien qu'un jour quelqu'un pense à faire baisser cette immense pile de projets pré-sélectionnés en attente, juste histoire de dégager une sortie de secours ou deux. Il plonge dans la pile et récupère BATMAN : EGO. Mark contacte le dénommé DARWYN mais il a déménagé, il bosse désormais à L.A. pour WARNER BROS ANIMATION (donc la même boîte que lui, puisque DC est un filiale de TIME/WARNER). Il ne tarde pas à mettre la main finalement sur le prodige. Car en 4 ans, il en a fait du chemin le pas si jeune DARWYN qui avait  répondu à une annonce postée par BRUCE TIMM et bossé avec lui sur BATMAN (il a storyboardé la séquence DARK KNIGHT RETURNS qui a soufflé tous ceux qui l'ont vu). DARWYN produira aussi le générique TOP HYPE à l'époque de BATMAN BEYOND, ce qui l'amènera à bosser sur SUPERMAN ANIMATED  (toujours avec TIMM) puis devenir l'un des réalisateurs pour la série MEN IN BLACK : The series.


Mark Chiarello et COOKE remettent de l'ordre dans BATMAN : EGO et c'est en 2000, une agréable surprise qui fut offerte à tous ceux qui avaient été assez curieux pour l'ouvrir  à l'époque. Chaque pages hurlaient son amour à BRUCE TIMM mais l'histoire serrée et intimiste (dans une totale intrspection schizofrènique, BATMAN qui lutte contre lui même pour savoir qui il est réellement... yep). Sa narration rétro et moderne à la fois accroche le lecteur qui en redemende.

Cette fois, COOKE ne lâche pas l'affaire, nan, nan, nan !!! Et pas question d'attendre que DC se sorte les doigts encore dans... 4 ans. Mister D. fonce chez MARVEL où il produit plusieurs histoires courtes pour des séries qui ont le vent en poupe comme X-FORCE scénarisé par PETER MILLIGAN et dessinée par MIKE 'MADMAN' ALLRED. Dans la foulée et dans la joie, il fait mumuse avec WOLVERINE/DOOP et un SPIDERMAN ultra cute, ultra rétro. Il revient chez DC  quand STAN LEE y revisite le panthéon local (JUST IMAGINE... STAN LEE  avec SUPERMAN ou BATMAN, etc...) COOKE fera une CATWOMAN version BLAXPOTATION. Pas mal pour un début.


En 2001, ED 'CRIMINAL' BRUBAKER a pour projet de donner une nouvelle jeunesse et une nouvelle crédibilité à CATWOMAN. Le coté salope en cuir violet sado-maso avec une queue en forme de fouet... Mmm, c'est trop années '90. Le public féminin qui d'habitude adore le perso et au bord du vomi et déserte le titre. Personne ne sait quoi faire avec le personnage qui vole aux riches pour garder pour elle.

 (CATWOMAN par JIM BALENT... DARWYN COOKE et JOCK)

"TRAIL OF CATWOMAN" fut un peu le YEAR ONE de BRUBAKER & COOKE. Ce comics est à mes yeux ce qu'ils ont fait de plus beau de toute leur carrière et d'ailleurs ce fut cette histoire qui a mis un gros coup de loupe sur eux. Pour mémoire YEAR ONE, c'était 4 pauvres petits épisodes qui relataient les origines de BATMAN la première année (d'où le titre ) comme il était coutume de faire à chaque fois que DC voulait attraper de nouveaux clients. Ils ont laissés faire MILLER et MAZZUCHELLI sans savoir qu'ils avaient un CLASSIQUE sur les bras.
Pareil pour TRAIL OF THE CATWOMAN qui fut sérialisé en 4 épisodes foutus rapidos à la fin des comics de BATMAN #759 à #762 comme bonus. Au passage BRUBAKER et  COOKE vont aller nous ressortir SLAM BRADLEY. 


  (CATWOMAN, la couverture censurée pour cause de bootilicious attitude)
Mais qui est SLAM BRADLEY ? Ce fut l'un des personnages principal d'un comics de mars 1937 DETECTIVE COMICS #1 (oui, comme les 2 lettres du logo de DC COMICS...) qui au numéro 19 verra apparaître un curieux personnage : BATMAN !!!!!! BRUBAKER se lancera un peu après sur GOTHAM CENTRAL  avec MICHAEL LARK  ce qui leur permettra de reprendre DAREDEVIL puis BRUBAKER fera avec SEAN PHILLIPS le meilleur polar disponible sur le marché actuellement CRIMINAL.

Le succès est immédiat, et la série de CATWOMAN nouvelle version est lancée. Pour la série cette fois, il faut un  costume à SELINA KYLE, DARWYN fera alors quelque chose d'assez unique concernant la création d'un personnage féminin... il demandera à sa femme comment elle imaginerait le costume. Fini le look BIATCH hardos. Retour à la version de MILLER dans YEAR ONE, l'ex-prostituée (maîtresse SM) qui n'a jamais "rencontré de vrai mec"... mais qui va devenir une voleuse professionnelle.
COOKE pond les 4 premiers numéros encrés par MIKE ALLRED (bon, on se fait un réseau  de copain ou pas ?) puis il nous monte une préquelle qui dépasse encore en qualité tout ce qu'on avait vu jusqu'à présent - SELINA : BIG SCORE.

Un polar noir de chez noir, tendu comme un string avec une ambiance '70 plutôt jouissive. L'un des personnages principaux de ce trio de banqueurs se nomme STARK... et il ressemble plutôt à LEE MARVIN, acteur qui a joué dans POINT BLANK de JOHN BOORMAN, la première adaptation à l'écran de THE HUNTER écrit par RICHARD STARK... rhoo le salaud, il avait tout prévu depuis le début. SELINA : BIG SCORE fait et fera pour toujours parti de mon ULTIMATE TOP 10 des meilleures BD jamais lues toutes catégories et toutes époques confondues. Si je veux montrer à quelqu'un ce que c'est que le COMICS, je file BATMAN : YEAR ONE ou SELINA : BIG SCORE.

(deux pages de l'histoire courte THE NEW FRONTIER, histoire de montrer ce que sera le comics...)

COOKE avait tout de même refilé un gros projet chez DC avant d'aller piger un peu chez MARVEL ;  DC : THE NEW FRONTIER (2004)... Yep, le projet a mis 3 ans avant de se voir offrir le feu vert par les boss, COOKE se proposait sagement de prendre TOUS les personnages DC et de faire une histoire avec, qui se passerait dans les années '50 et où les dits-personnages apparaîtront dans l'ordre chronologique réel de leur venue du monde. 6 épisodes de 80 pages chacun, avec une parution mensuelle, of course. gloups, tout cela par un novice. DARWYN synthétise son trait au maximum pour coller au graphisme de l'époque et produit donc 480 pages dans lesquelles il fera tout sauf le lettrage et la couleur. C'est un massif succès. 

Les références aux meilleurs auteurs du COMICS du SILVER AGE (JOE KUBERT, ALEX TOTH, JACK KIRBY, etc...) sont incorporées avec brio et jamais leur esprit original n'est fourvoyé. COOKE se permet même un vrai commentaire politique et social sur la période (racisme, mac carthysme, etc...). Visuellement COOKE est au sommet de son art, les couvertures originales flirtent avec l'abstraction et ne ne présenteront jamais les personnages dans des poses héroïques ou autres clichés rétro qu'il a su éviter.

Il gagnera un Eisner Award pour "Best Limited Series", et un Joe Shuster Award pour "Outstanding Canadian Comic Book Cartoonist". DC produira quelques années plus tard un dessin animé de DC: THE NEW FRONTIER.


Lorsque MARK CHIARELLO lance sa collection SOLO, c''est une bouffée d'air frais dans une production standardisée. Un auteur au commande tout seul pendant  48 pages, deux règles imposées;  faire des histoires courtes et l'une d'entre elles doit avoir un personnage de chez DC. Après chacun choisit ses collaborateurs et fait ce qu'il veut. COOKE s'occupera tout seul et avec panache du N°5.

MISTER DC (rhooo, j'avais jamais vu ça encore...) va nous produire le numéro de SOLO le plus unique jamais créé, il découpera ces 48 pages comme un magazine, avec des histoires ultra courtes (deux pages) mais aussi des jeux et autres petits strips. Of course, SLAM BRADLEY sera de l'aventure mais aussi BATMAN dans une histoire qui aurait dû être scénarisé par BRUCE TIMM qui faute de temps laissera COOKE la charger d'une ambiance très NOIR.

SOLO (by COOKE) ressemble déjà à une première prise de recul sur son oeuvre écoulée 2000 > 2005. Plusieurs second rôle célèbres de ses propres histoires ont répondu présent ; SLAM BRADLEY, KING FARRADAY et même STARK. Le numéro sera récompensé par le Eisner Award pour "Best Single Issue" plus que mérité.

MISTER DC (rhaa, je vais pas m'en remettre... ;)...) ne touche plus terre, il se dit que c'est le moment d'envoyer balader ces conneries de super héros. Cela fait un bon moment qu'il ne se sent pas du tout en phase avec le tour que prennent les choses. Le sadisme, les viols et autres trucs faibles de scénaristes fainéants le saoulent. C'est le moment de sortir par la grande porte et d'aller faire du VRAI POLAR... mais où putain ? Où ? Quand SOUDAIN... le téléphone sonne " allô, DARWYN, t'es fan de WILL EISNER, toi non ? On a racheté tout EISNER et on voudrait ressortir THE SPIRIT mais rendre ça ... moins... (silence) ... vieux.  Tu veux le faire ? Euh... DARWYN t'es toujours, là ?" [ce coup de fil n'a peut-être jamais eu lieu... c'était peut-être un mail...]

WHEN I THOUGHT I WAS OUT, 
THEY PULL ME BACK IN.
Du coup, COOKE replonge, on lui file un CROSSOVER BATMAN / THE SPIRIT pour attirer les clients avec un scénar de JOEF LOEB qui n'a aucun lieu de parenté avec CAROLINE LOEB, mais JOEF, ses scénario, "C'EST LA OUATE...". On a failli croire qu'on avait perdu DARWYN entre les lignes d'un contrat d'exclusivité qui a l'effet secondaires de couper l'inspiration des auteurs. Et bien, non. la série de THE SPIRIT par DARWYN COOKE (et J. BONE à l'encrage) sera une vraie tuerie. 

Une relecture moderne du mythe du SPIRIT... l'inverse du film... si vous voyez ce que je veux dire... hum... hum. COOKE se laisse petit à petit prendre au jeu et continuera bien après les 6 premiers numéros prévus avec 6 autres épisodes. En tout , 12 épisodes sublimes, 12 merveilles où COOKE irradie sous le soleil de WILL. Mais J.BONE doit partir travailler sur autre chose et DARWYN refuse de continuer sans lui.

Cette fois, c'est la bonne, DARWYN se cherche un nouveau papa et comme par hasard, un éditeur de chez Wildstorm, SCOTT DUNBIER, s'est fait lourder un peu méchamment et a rebondit sur un bureau chez IDW (30 JOURS DE NUITS, etc...), la boite qui monte. Les contacts sont pris avec DONALD WESTLAKE (RICHARD STARK était son pseudo car dans les année '60 ce n'était pas bien vu de livrer un livre en une semaine). WESTLAKE n'avait jamais laissé le personnage de PARKER être utilisé sous son vrai nom, plusieurs films avaient été fait mais jamais ils n'eurent le droit à utiliser son vrai nom; PARKER. Cette fois (magie de l'éditeur, SCOTT DUNBIER) COOKE a accès à tout.
Il travaille comme un fou, vivant dans un rêve, s'imposant un cadence folle et cette fois-ci, il fera tout, dessin, adaptation, encrage, couleur, lettrage. COOKE fini le livre et l'envoie à WESTLAKE avant la fin de l'année. Le paquet restera clos pendant plusieurs jours, puis DONALD WESTLAKE s'éteindra.

COOKE est ravagé, il ne saura jamais ce que STARK pensait vraiment de son travail.





DARWYN et DUNBIER savent qu'ils ont de la foudre entre les mains, COOKE mise gros. Soit il réussit et sa carrière sera belle et avec moins de cons volants dedans. Soit il se plante et va devoir gratter à la porte pour avoir du taffe... n'importe quoi. C'est le tout pour le tout. Est-ce que les GRAPHIC NOVEL peuvent se vendre ? Est-ce qu'il y a un public pour autre chose que des super héros ? IDW va sortir le livre à la maquette impeccable à une grande échelle pariant que STARK a beaucoup de fans quand même. Mais liront-ils le comics ?


DARWYN et SCOTT font alors un pari idiot, deviner en combien de temps le premier tirage sera épuisé avant réimpression... COOKE donne un chiffe, cela sera le double. PARKER est en rupture de stock VERY FAST !!! Les critiques sont excellentes... mais pas autant que le livre. Même pour les cinéphiles avertis, THE HUNTER reste un plaisir immense. Vous lisez les lignes d'un mec qui a vu une bonne partie de toutes les adaptations de ce roman produites au ciné et qui a chez lui les 2 versions de PAYBACK de BRIAN HELGELHAND et qui un jour a  passé les deux films en même temps (DVD SALON + DVD MAC) pour en apprécier les subtiles différences de montage entre les deux.


COOKE trouve quand même le temps de dessiner deux épisodes de JONAH HEX, dont le formidable n° 50 où HEX, le chasseur de primes, doit attraper une bande de 50 voleurs. Hop, comme ça, sans les mains, je vous fais un western dark, dans un nouveau style et je vous mets encore une fois tout le monde à l'amende entre deux PARKER où je fous déjà tout le monde à genoux.


PARKER : THE OUTFIT sorti en 2010 marque la fin de décennie COOKE. Cette fois, pour ceux qui n'ont pas lu les romans, c'est TOUT neuf et le plaisir est encore plus intense. DARWYN joue eà merveille avec les variations de style,  raconte de plus en plus l'histoire avec les images et quand il faut, il vous colle 4 pages de textes.

DARWYN COOKE réfléchit profondément au fond et la forme du COMICS. C'est un auteur considéré comme passéiste alors qu'il est d'une plus grande modernité que beaucoup de ses collègues "pseudo-futuristes". L'aspect GRAPHIQUE est ultra présent dans son travail, il est comme KYLE BAKER ou FRANK MILLER, un homme qui se recrée pour chaque nouveau projet. Il a une vision franche et directe de ce que doit être le COMICS. Pourquoi prendre des personnages pour enfant et leur faire faire des choses pour adultes, hein ? Si on fait de vraies histoires pour adultes, alors pourquoi y mettre des imbéciles en  collants et capes de clowns ? Faut choisir.


Après ce que vient de dire cette année DARWYN (voir la vidéo ICI) qui a été amplement commenté par les professionnels de la profession comme on dit, il semble que COOKE a choisit son camp. Il a mis sa gueule dans le même axe que ces couilles et il a quitté le monde des super héros. Ces derniers travaux sont des couvertures, un western et un polar noir. COOKE cite parmi ses influences "Paperback cover artist Mitchell Hooks, Bernard Kriegstien, Steve Engleheart, Yves Chaland, Rob Courdry, Dick Cheney, Bob Mitchum, Cornell Woolrich, Charlie Murphy, Ann Coulter, Al Sharpton, Al Franken, Alex Toth, Javier Pulido, Dave Bullock and colour artist Dave Stewart ".

"THIS IS DARWYN's WORLD, WE JUST LIVE IN IT".
(Ceci est la planète de DARWYN, on vit juste dessus, c'est tout.)

©TROUBA 2010.

nos amis, les clichés #132


Clichés #132
"Les Chinois sont fourbes."
ici, Caméléon Man.

FAMOUS TOYS

Marre des wolverine articulés, marre des super pétasses bien ultra roulées fabriquées dans le plus grand détail par des japonais lubriques. Je vous propose un peu de culture dans ce monde de jouet.






et en bonus track >>>


Merci petit papa de Noé.

GEEK LAND

Si vous ne savez toujours pas quoi vous achetez pour Noël, y a ça.
chez THINKGEEK.com

 >>  ce n'est pas exactement ce que je cherchais quand  j'ai googlé "ROBOTIC CHICK"


 >> cette figurine a ZÉRO point d'articulation.


Oui comme vous, je veux le ALIENS PULSE RIFLE (out of stock), mais de la VIANDE DE LICORNE EN BOITE pourquoi pas.

to cool for school (1)

le seul JACKSON que j'aime.

photo crash

"J'ai un cheval, Don Manuel, Manu pour les intimes, quand votre photographe va arriver, Manu va probablement tenter d'être sur la photo." 

Robert DUVALL (& Don Manuel) dans ESQUIRE janvier 2011.

 

COUVERTURE (1)

Faire la couverture sur CUATRO MANOS fut une bataille, et en ce qui concerne l'édition française, je l'ai perdu. J'avais une idée trés graphique et très arrêtée sur ce que devait être ce graphic novel et on m'a vite fait comprendre que ça se ne faisait pas ici... en 2004. 
C'était avant que le graphic novel soit à la mode et que ce neuneu de Craig Thompson sorte son BLANKETS de 600 pages. Depuis on peut faire plus ou moins ce qu'on veut tant que l'éditeur se retrouve pas à payer 600 pages au même tarif qu'un album normal. Logique, plus de pages, plus cher seront les coûts de fabrication, moindre sera la marge et plus risquée sera la mise en place.

Revenons à la couverture, la chance m'a sourit quand j'ai pu enfin faire ce que je voulais sur les couvertures des traductions. Et je doute que vous n'ayez pas vu ces images si vous vous êtes baladé sur MEXICOMICS, je les fous partout où je peux.

Lorsque je travaillais sur mon dossier de 17 pages pour proposer CUATRO MANOS aux éditeurs, je m'étais fabriqué un petit fond d'écran à partir d'une photo prise sur la banquette arrière d'un taxi mexicain. Ma petite balade dans ce taxi dura du 21 mars 2004 au 1er juin 2004. Après ça, j'en avais un peu marre, je voulais un peu voir la ville à pied.

Après avoir signé le contrat et fait plus de la moitié du livre qui devait faire 140 pages à l'époque, nous avons commencé à penser à la couverture. Dans un élan de candeur mêlée à une inexpérience flagrante bien planquée derrière un enthousiasme très communicatif, j'ai proposé 16 croquis de couvertures. Rhaa... la jeunesse ;)

Faire une couverture de livre, c'est confronter deux mondes, celui du marketing, bin oui, la couverture est la première (et parfois la dernière chose) que le lecteur verra. Elle doit attirer l'oeil sans être trop arty.  Plaire aux gouts du public et en même temps, être fraiche. ET FAIRE BéDé !

L'éditeur choisi alors l'image la plus photo réaliste. Horreur!! Même pas un seul perso à l'horizon. Diantre. Comme on dit l'autre :"On est pas responsable de la tronche qu'on a, mais on est responsable de  la tronche qu'on fait". Me souvenant que la photo avait été prise JUSTE avant de rencontrer PACO pour le première fois et que finalement je l'aimais un peu quand même. je retrouvé ce making' of de la couv. Je sais plus pourquoi il est en anglais, surement pour frimer... ? Enfin le voilà.







La couverture fut imprimée trop claire, PACO trouvait que la couleur ressemblait à du caca de bébé ;).
Nous fûmes ravis de voir que NORMA EDITORIAL choisit de garder l'image mais d'assombrir l'ensemble. Ma typo [PACO one] ne fut utilisée (pour l'instant) que dans la version mexicaine, puisque que c'est bibi qui en fit le design.

Je pense que si CUATRO MANOS avait été publié dans un format de Polar, elle aurait été parfaite. Mais pour une BD, elle était un peu "spéciale". Malgré tout, elle eu beaucoup de succès auprès de mes collègues Espagnols et Mexicains.

[à suivre...]

THE FAN WITHOUT FEAR (1)

Incapable de choisir de façon définitivement mon genre de BD préféré (celui que je devrais faire sagement jusqu'à ma mort), j'ai choisi de presque tout aimer. Quand on fouille bien, on se rend compte qu'il y a des merveilles partout et à toutes les époques, mais certains livres restent avec vous bien plus longtemps que le temps de leur lecture... je pense particulièrement à un certain polar mexicain qui va rester sur mon bureau pendant 15 ans... avant que je le range à coté des 600 pages de BD de son adaptation. Touche du bois, touche, mon gars.

Nous allons donc commencer cette longue exploration de mes influences par celles de CUATRO MANOS. Plutôt que de vous faire des links ou mettre des pages de BD qui me plaisent, j'ai choisi de me mettre minable devant vous en collant les pages somptueuses de mes maîtres à coté des miennes. THE FAN WITHOUT FEAR était le nom d'un de mes blogs qui devait être remplis de fan art. Ce sera le nom de cette rubrique. Rien ne se perd, tout se transforme.

C'est sans surprise si  je vous dis que MUNOZ & SAMPAYO sont directement liés à mon amour du polar politique. Plus qu'un hommage, c'est une vraie révérence que j'ai voulu faire à ses deux grands hommes d'Argentine où l'on sait ce que liberté d'expression veut dire.

















 Moins pour leur style, quoiqu'il m'a nourri toute la vie d'artiste, mais plus pour leur gueules. J'avais un duo charismatique à créer et après avoir essayé toutes les permutations graphiques possibles et noircis deux gros carnets de croquis, je me suis souvenu de cette histoire d'ALACK SINNER où nos deux artistes participaient activement. Le déclic (et pas le truc cochon de Manara, hein...). Paco m'avait confié qu'à l'origine CUATRO MANOS (le roman) devait  réellement être écrit à 4 mains... par lui et ROGER SIMON qui est un écrivain de polar et journaliste devenu plus tard commentateur politique à la tv. Il a écrit THE BIG FIX qui est devenu un film avec RICHARD DREYFUSS en 1978. La tronche de GREG... SIMON est fortement inspiré de celle DREYFUSS dans ce film.


100 BULLETS est pour moi ce qui est arrivé de mieux au COMICS depuis 10 ans. AZZARISSO (comme dit TROUBA) est un autre exemple d'équipe symbiotique où les deux auteurs ne font qu'un. RISSO travailla plus de 5 ans sans jamais avoir vu ou même parlé à AZZARELLO. Vu l'éloignement géographique de TAIBO, j'ai analysé leur façon de travailler à la loupe avant de commencer CUATRO MANOS. Chaque 100 BULLETS me fascinait et j'étais gravement accro. Les exemples de POLAR même en comics n'étaient pas légion et avoir une production d'une telle qualité, ne pouvait que me ravir.

















Ici, j'ai mis ma page avant celle de DAVE JOHNSON parce que mon image fut produite avant de voir la couverture du n° 61. Depuis des années, J'avais en tête de faire une cover avec une piscine de sang et un homme debout dedans jusqu'au genou. ROLANDO le narco badass était le parfait personnage à mettre au centre d'un lac de sang. La fausse couverture façon HISTORIETAS (bd cheap mexicaine) était parfaite pour cette idée un peu Over The Top. Une fois, finie, je rajoutais ce fond vert qui rappelle le drapeau mexicain et roulez. Quelques jours plus tard,  mon 100 BULLETS m'attends et jimpossible d'en croire mes yeux. Non, seulement je vois mon idée mieux faite... mais en plus c'est DAVE JOHNSON qui l'a réussi (et techniquement avant moi, si on compte le temps de production d'un comics).

















Bueno Aires est parait-il une ville qui a la plus grande concentration de bar au monde. Pas étonnant que RISSO y habite et qu'il dessine des bars comme un dieu. L'efficacité de sa mise en page, la fausse simplicité de son trait, m'ont immédiatement intrigué. Ce mec travaillait en Europe depuis des années et il est parti chercher du travail aux USA parce qu'il sentait qu'ici, il avait atteint son potentiel maximum. Bravo, les gars !!! On ne lui proposait pas plus de travail que les histoires qu'ils faisaient déjà avec CARLOS TRILLO. Les couvertures de ses albums étaient hideuses. Bref, il a fait son trou aux States en passant par DARK HORSE, une porte ouverte pour beaucoup de talentueux et sous-employés artistes internationaux.

















DAVID MAZZUCHELLI. David... David... David M. YEAR ONE est surement l'un de mes comics préférés toutes catégories. MAZZUCHELLI est un artiste supérieur à MILLER. Son trait est l'héritage de ALEX TOTH et des autres Européens les plus talentueux des années '70. Le scénari est sec, millimètré, une merveille mais c'est MAZZUCHELLI qui lui donne sa puissance. L'exécution est sublime. Je relis cette histoire dès que je commence un nouveau projet... juste pour voir le chemin qu'il me reste à parcourir. Chez moi, traîne une vieille version de YEAR ONE publiée par COMICS USA avec des larges marges autour des pages pourtant censées être à bord perdues. Les pages sont couvertes de notes. J'ai depuis acheter une version plus propre pour la prèter aux copains.

















MILLER n'est pas un bon dessinateur, il a toujours cherché à faire "efficace" plutôt que joli et vite en plu. Mais la production de ELEKTRA LIVES AGAIN a duré tellement de temps (des années) qu'il a eu le temps de refaire toutes les planches plusieurs fois. Pourquoi ? (je vais vous le dire) Quand vous travaillez avec les meilleurs auteurs du monde, vous apprennez forcement quelque chose au passage en tant qu'artiste. SIENKIEWICZ, GIBBONS, DARROW, MAZZUCHELLI, ça vous ouvre les yeux. Vous êtes exposé à une forte dose de rayon gamma. Et apprès vous êtes capable de faire ça >>>>


















Qui est peut-être la double page la plus ambitieuse jamais crée. "L'homme a peur du vide". Pas de bol, l'éditeur a peur du vide aussi. Plusieurs fois j'ai tenté de faire mon malin, mais on m'a vite rappelé que je n'étais pas MILLER.














Durant la production de CUATRO MANOS, j'ai pigé pourquoi, on ne m'avait pas laissé faire mon malin avant : mon effet graphique n'était pas au service de mon histoire. Quand j'ai fait cette double page dans CUATRO MANOS, chapitre 14 de celui du "Cahier du grand-père", personne n'a rien trouvé à redire.

















MIGNOLA encore un mec que j'aime depuis des années, avant même qu'il devienne une star. Son application de gros aplats de noir mettait mon dessin à rude épreuve. J'ai mis des années à être content de mon placement d'aplats de noir sur mes dessins. Et encore plus sur des décors. Ici, j'ai fait ma page avec cette image mentale au fond de mon crâne. Ce n'est qu'après l'avoir finie que j'ai pris mon HELLBOY : Seeds Of Destruction, et j'ai vu que j'en étais pas trop loin... 10 ans peut-être si je continue tous les jours... Les couleurs de MARK CHIARELLO sur ces 4 épisodes m'ont toujours marqués par leur intensité. Placer des verts et des bordeaux comme ça avec classe, faut du talent.

















Finissons ce premier "FAN WITHOUT FEAR" avec ALEX TOTH et HUGO PRATT.
Deux artistes cultes qui faisaient déjà de la BD moderne dans les années '50/60. TOTH est le "dessinateur des dessinateurs©". L'incarnation du "LESS IS MORE" (moins, c'est plus). la case du haut est extraite de ses comics de ZORRO pour Disney dans les années '50. Les comics n'avait même pas de crédit à l'époque et des gars comme JORDI 'TORPEDO' BERNET ont mis des années à savoir quel était le nom du gars dont ils étaient archi fans. On dit que le monde du COMICS a suivit deux voies, celles de JACK KIRBY et celle de ALEX TOTH. Moi, je vais suivre ALEX TOTH.

HUGO PRATT, j'ai mis des années à entrer dans son oeuvre. Je sais pas pourquoi. Juste après sa mort, j'ai lu LES ÉTHIOPIQUES et pigé pourquoi tout le monde ne jurait que par lui.

[à suivre...]