THE FAN WITHOUT FEAR (1)

Incapable de choisir de façon définitivement mon genre de BD préféré (celui que je devrais faire sagement jusqu'à ma mort), j'ai choisi de presque tout aimer. Quand on fouille bien, on se rend compte qu'il y a des merveilles partout et à toutes les époques, mais certains livres restent avec vous bien plus longtemps que le temps de leur lecture... je pense particulièrement à un certain polar mexicain qui va rester sur mon bureau pendant 15 ans... avant que je le range à coté des 600 pages de BD de son adaptation. Touche du bois, touche, mon gars.

Nous allons donc commencer cette longue exploration de mes influences par celles de CUATRO MANOS. Plutôt que de vous faire des links ou mettre des pages de BD qui me plaisent, j'ai choisi de me mettre minable devant vous en collant les pages somptueuses de mes maîtres à coté des miennes. THE FAN WITHOUT FEAR était le nom d'un de mes blogs qui devait être remplis de fan art. Ce sera le nom de cette rubrique. Rien ne se perd, tout se transforme.

C'est sans surprise si  je vous dis que MUNOZ & SAMPAYO sont directement liés à mon amour du polar politique. Plus qu'un hommage, c'est une vraie révérence que j'ai voulu faire à ses deux grands hommes d'Argentine où l'on sait ce que liberté d'expression veut dire.

















 Moins pour leur style, quoiqu'il m'a nourri toute la vie d'artiste, mais plus pour leur gueules. J'avais un duo charismatique à créer et après avoir essayé toutes les permutations graphiques possibles et noircis deux gros carnets de croquis, je me suis souvenu de cette histoire d'ALACK SINNER où nos deux artistes participaient activement. Le déclic (et pas le truc cochon de Manara, hein...). Paco m'avait confié qu'à l'origine CUATRO MANOS (le roman) devait  réellement être écrit à 4 mains... par lui et ROGER SIMON qui est un écrivain de polar et journaliste devenu plus tard commentateur politique à la tv. Il a écrit THE BIG FIX qui est devenu un film avec RICHARD DREYFUSS en 1978. La tronche de GREG... SIMON est fortement inspiré de celle DREYFUSS dans ce film.


100 BULLETS est pour moi ce qui est arrivé de mieux au COMICS depuis 10 ans. AZZARISSO (comme dit TROUBA) est un autre exemple d'équipe symbiotique où les deux auteurs ne font qu'un. RISSO travailla plus de 5 ans sans jamais avoir vu ou même parlé à AZZARELLO. Vu l'éloignement géographique de TAIBO, j'ai analysé leur façon de travailler à la loupe avant de commencer CUATRO MANOS. Chaque 100 BULLETS me fascinait et j'étais gravement accro. Les exemples de POLAR même en comics n'étaient pas légion et avoir une production d'une telle qualité, ne pouvait que me ravir.

















Ici, j'ai mis ma page avant celle de DAVE JOHNSON parce que mon image fut produite avant de voir la couverture du n° 61. Depuis des années, J'avais en tête de faire une cover avec une piscine de sang et un homme debout dedans jusqu'au genou. ROLANDO le narco badass était le parfait personnage à mettre au centre d'un lac de sang. La fausse couverture façon HISTORIETAS (bd cheap mexicaine) était parfaite pour cette idée un peu Over The Top. Une fois, finie, je rajoutais ce fond vert qui rappelle le drapeau mexicain et roulez. Quelques jours plus tard,  mon 100 BULLETS m'attends et jimpossible d'en croire mes yeux. Non, seulement je vois mon idée mieux faite... mais en plus c'est DAVE JOHNSON qui l'a réussi (et techniquement avant moi, si on compte le temps de production d'un comics).

















Bueno Aires est parait-il une ville qui a la plus grande concentration de bar au monde. Pas étonnant que RISSO y habite et qu'il dessine des bars comme un dieu. L'efficacité de sa mise en page, la fausse simplicité de son trait, m'ont immédiatement intrigué. Ce mec travaillait en Europe depuis des années et il est parti chercher du travail aux USA parce qu'il sentait qu'ici, il avait atteint son potentiel maximum. Bravo, les gars !!! On ne lui proposait pas plus de travail que les histoires qu'ils faisaient déjà avec CARLOS TRILLO. Les couvertures de ses albums étaient hideuses. Bref, il a fait son trou aux States en passant par DARK HORSE, une porte ouverte pour beaucoup de talentueux et sous-employés artistes internationaux.

















DAVID MAZZUCHELLI. David... David... David M. YEAR ONE est surement l'un de mes comics préférés toutes catégories. MAZZUCHELLI est un artiste supérieur à MILLER. Son trait est l'héritage de ALEX TOTH et des autres Européens les plus talentueux des années '70. Le scénari est sec, millimètré, une merveille mais c'est MAZZUCHELLI qui lui donne sa puissance. L'exécution est sublime. Je relis cette histoire dès que je commence un nouveau projet... juste pour voir le chemin qu'il me reste à parcourir. Chez moi, traîne une vieille version de YEAR ONE publiée par COMICS USA avec des larges marges autour des pages pourtant censées être à bord perdues. Les pages sont couvertes de notes. J'ai depuis acheter une version plus propre pour la prèter aux copains.

















MILLER n'est pas un bon dessinateur, il a toujours cherché à faire "efficace" plutôt que joli et vite en plu. Mais la production de ELEKTRA LIVES AGAIN a duré tellement de temps (des années) qu'il a eu le temps de refaire toutes les planches plusieurs fois. Pourquoi ? (je vais vous le dire) Quand vous travaillez avec les meilleurs auteurs du monde, vous apprennez forcement quelque chose au passage en tant qu'artiste. SIENKIEWICZ, GIBBONS, DARROW, MAZZUCHELLI, ça vous ouvre les yeux. Vous êtes exposé à une forte dose de rayon gamma. Et apprès vous êtes capable de faire ça >>>>


















Qui est peut-être la double page la plus ambitieuse jamais crée. "L'homme a peur du vide". Pas de bol, l'éditeur a peur du vide aussi. Plusieurs fois j'ai tenté de faire mon malin, mais on m'a vite rappelé que je n'étais pas MILLER.














Durant la production de CUATRO MANOS, j'ai pigé pourquoi, on ne m'avait pas laissé faire mon malin avant : mon effet graphique n'était pas au service de mon histoire. Quand j'ai fait cette double page dans CUATRO MANOS, chapitre 14 de celui du "Cahier du grand-père", personne n'a rien trouvé à redire.

















MIGNOLA encore un mec que j'aime depuis des années, avant même qu'il devienne une star. Son application de gros aplats de noir mettait mon dessin à rude épreuve. J'ai mis des années à être content de mon placement d'aplats de noir sur mes dessins. Et encore plus sur des décors. Ici, j'ai fait ma page avec cette image mentale au fond de mon crâne. Ce n'est qu'après l'avoir finie que j'ai pris mon HELLBOY : Seeds Of Destruction, et j'ai vu que j'en étais pas trop loin... 10 ans peut-être si je continue tous les jours... Les couleurs de MARK CHIARELLO sur ces 4 épisodes m'ont toujours marqués par leur intensité. Placer des verts et des bordeaux comme ça avec classe, faut du talent.

















Finissons ce premier "FAN WITHOUT FEAR" avec ALEX TOTH et HUGO PRATT.
Deux artistes cultes qui faisaient déjà de la BD moderne dans les années '50/60. TOTH est le "dessinateur des dessinateurs©". L'incarnation du "LESS IS MORE" (moins, c'est plus). la case du haut est extraite de ses comics de ZORRO pour Disney dans les années '50. Les comics n'avait même pas de crédit à l'époque et des gars comme JORDI 'TORPEDO' BERNET ont mis des années à savoir quel était le nom du gars dont ils étaient archi fans. On dit que le monde du COMICS a suivit deux voies, celles de JACK KIRBY et celle de ALEX TOTH. Moi, je vais suivre ALEX TOTH.

HUGO PRATT, j'ai mis des années à entrer dans son oeuvre. Je sais pas pourquoi. Juste après sa mort, j'ai lu LES ÉTHIOPIQUES et pigé pourquoi tout le monde ne jurait que par lui.

[à suivre...]