critique de la critique


À chaque sortie de livre, c'est le même barnum, il faut le mettre entre toutes les mains pour avoir une chance d'en faire un autre après. À chaque nouveau livre, les critiques sont rares (mais de plus en plus nombreuses) mais ultra enthousiastes. Un consensus se fait autour des livres et à chaque fois, il y a UNE critique qui va totalement à contre-courant. Je trouve cela salutaire dans une république où la liberté d'expression est une perle rare, car chacun a le droit de donner son avis... surtout si c'est ton métier. J'ai eu droit à tout, du "J'aime pas le COMICS, donc..."  à "J'aime pas les mexicains badass, donc...".

Pour "MUHAMMAD ALI", l'enthousiasme est incroyable (on a reçu 3 demandes pour des ITW, rien qu'hier...) et je pense que la personnalité de ALI y est aussi pour quelque chose. C'est je pense le meilleur livre que j'ai fait depuis longtemps. Et dans cet océan d'amour pour notre travail, l'heureux gagnant de la critique "j'ai pas aimé" est décerné à DBD.  Je vous colle la critique ici en intégralité et après on va la lire ensemble...



"Joies et peines de la biographie" 
-> on sent que le dur métier de critique de BD a dû être éprouvant en cette fin d'année 2015 - avec "SARTRE", "PÉTAIN", "MITTERAND", "DE GAULLE", "EMMETT TILL", "MARTIN LUTHER KING" et j'en passe. Oui, les critiques lisent tout (enfin on espère...) et parfois un album cristallise les "Joies et les Peines" et prend pour les autres. Et cette fois-ci, c'est le notre.

"Nous avions découvert (...) son dessin nerveux (...) influencé (...) par Frank Miller - ne parvient pas à nous emporter." -> Donc avant j'étais cool et nerveux quand je faisais du POLAR et dans le BIOPIC, c'est moins nerveux. OK, ça se tient. Notre livre a une ambition historique en racontant le combat des droits civiques à travers la vie de ALI, donc ici pas de meufs à poil et gunfight qui habituellement peuplent mes livres... on a bien la mort par balles de MALCOLM X, mais lui ne se défend pas, donc ça ne compte pas comme un GUNFIGHT... je pense. ALI est conçu comme un livre TOUT PUBLIC. Pas de KISS KISS BANG BANG.

"Non pas que l'album soit mauvais,  mais il pâtit des défauts inhérents à la plupart des biographies" -> Ici, il faut lire - "Les bios en bédé, c'est naze à la base". Le livre n'est pas "mauvais" même si il a écrit qu'il y a une possibilité que cela soit mauvais donc... il passe le message qu'il fait juste partie du haut de la pile des "mauvais livres".

"récit succint (...)"-> Oui je sais, nous voulions faire 400 pages mais l'éditeur n'avait acheté du papier que pour 120 pages. Nous n'avons même pas eu droit à un cahier BONUS, et si j'en juge le nombre de textes que SYB a écrit sur THE ROOM STUDIO (où sont hébergés les bonus) nous avions encore deux ou trois choses à dire sur le sujet.

"tendance à déification" -> oui là aussi, je suis coupable, je voulais faire MENGELÉ  ou PAPON en graphic novel -  mais je pense que l'éditeur aurait purement et simplement eu peur de ce que serions capable de faire avec des ordures comme ça... Je ne bosserai jamais que sur des biopics d'homme que je respecte. Je ne veux pas faire "Jean François Coppé - the Graphic Novel". Je préfère faire HUGO PRATT, sa vie, son oeuvre. C'est un choix. Les gars qui ont fait "Pétain", je leur dit bravo, je ne suis pas capable de faire ça.

"la face cachée (...) celle que ses fans et adulateurs ont, en général, effacé de leur mémoire."
-> Si le grand public préfère oublier que MOHAMED ALI est MUSULMAN, en quoi ça nous concerne ? Nous, nous n'avons pas oublié de montrer et d'expliquer qui était la NATION OF ISLAM, nous avons montré que ALI prenait ces distances avec cette organisation sectaire, mais nous n'oublions jamais de montrer ce que cela représente pour un jeune noir en 1960 d'être craint et donc respecté par les blancs qui avaient droit de vie et de mort sur toi.
Si on préfère oublier le coté politique de ALI... et bien le film réducteur de MICHAEL MANN ("ALI") est pour vous, il zappe entièrement cette partie de sa vie et s'arrête en 1974 sur un HAPPY END au Zaïre. Ce que les années qui vont suivre ne seront pas, ce sera même une descente aux enfers pour lui.


"elle ne donne pas envie d'apprécier le personnage". -> Là rien à dire. C'est certain que si on n'aime pas ALI, ça doit être pénible de lire 120 pages détaillées, bourrées d'anecdotes sur un mec dont on pense qu'il ne mérite pas sa place de GREATEST of ALL TIMES.

"l'histoire se développe sur deux axes" -> Là, je ne pige pas, ALI a eu une telle importance dans les '60s et '70s que tout le monde a oublié que quand il avait été interdit de BOXE par le département Américain de la Justice, sa carrière d'agitateur politique avait réussi à rassembler les jeunes contestataires blancs dans les universités et les noirs avides de réformes dans les ghettos. Les journalistes de l'époque voyait en lui le NOUVEAU MALCOLM X !!!!!! C'est d'ailleurs pour cela que NIXON lui a rendu sa licence, pour ne pas en faire un MARTYR... et aussi parce que JOE FRAZIER lui a promit qu'il pouvait BATTRE ALI. Ce qu'il a fait. Et c'est aussi l'une des raisons, qu'il n'est pas en sueur, en short sur la couverture, mais en COSTUME.

"L'ensemble donne l'impression d'un édifice fragile, pataud, fastidieux" -> Je suis pour qu'on rembourse ce monsieur des 2 heures qu'on lui a prit. Nous ferons sûrement mieux la prochaine fois... sauf si nous faisons une autre biographie, of course ^^...


Donc à bientôt pour le prochaine livre dans 6 MOIS, il y a aura des flingues, des méchants-méchants, des meufs à poils, des super bagnoles et des intrigues POLAR badass. ^^